Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/32

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§. 14. On pourroit improprement donner le nom de chant à cette manière de prononcer, ainsi que l’usage le donne à toutes les prononciations qui ont beaucoup d’accent. J’éviterai cependant de le faire, parce que j’aurai occasion de me servir de ce mot dans le sens qui lui est propre. Il ne suffit point pour un chant que les sons s’y succèdent par des dégrés très-distincts, il faut encore qu’ils soient assez soutenus pour faire entendre leurs harmoniques, & que les intervalles en soient appréciables. Il n’étoit pas possible que ce caractère fût ordinairement celui des sons par où la voix se varioit à la naissance des langues : mais aussi il ne pouvoit pas être bien éloigné de leur convenir. Avec quelque peu de rapport que deux sons se succèdent, il suffira de baisser ou d’élever foiblement l’un des deux, pour y trouver un intervalle tel que l’harmonie le demande. Dans l’origine des langues, la manière de prononcer admettoit donc des inflexions de voix si distinctes, qu’un musi-