Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/52

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fort distincts, lui font nécessairement mettre de la différence entre

    voix, sans paroître s’éloigner de la prononciation ordinaire.
    Il paroît donc évident, conclut l’Abbé du Bos, que le chant des piéces Dramatiques qui se récitoient sur les Théatres des Anciens, n’avoit ni passages, ni port-de-voix cadencés, ni tremblemens soutenus, ni les autres caractères de notre chant musical.
    Je me trompe fort, ou cet Ecrivain n’avoit pas une idée bien nette de ce qui constitue le chant. Il semble qu’il n’en juge que d’après celui de nos Opéra. Ayant rapporté que Quintilien se plaignoit que quelques orateurs plaidassent au Barreau, comme on récitoit sur le Théatre, croit-on, ajoute-t-il, que ces orateurs chantassent comme on chante dans nos Opéra ? Je réponds que la succession des tons qui forment le chant, peut être beaucoup plus simple que dans nos Opéra, & qu’il n’est point nécessaire qu’elle ait les mêmes passages, les mêmes port-de-voix cadencées, ni les mêmes tremblemens soutenus.
    Au reste on trouve dans les Anciens quantité de passages qui prouvent que leur prononciation n’étoit pas un son continu. « Telle est, dit Ciceron dans son Traité de l’Orateur, la vertu merveilleuse de la voix, qui des trois tons, l’aigu, le grave & le moyen forme toute la variété, toute la douceur &