Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/53

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es temps qu’elle employe à articuler les sons. Il n’étoit donc pas naturel

    l’harmonie du chant: car on doit savoir que la prononciation renferme une espéce de chant, non un chant musical, ou tel que celui dont usent les orateurs Phrygiens & Cariens dans leurs Peroraisons, mais un chant peu marqué, tel que celui dont vouloient parler Démosthêne & Eschine, lorsqu’ils se reprochoient réciproquement leurs inflexions de voix, & que Démosthêne pour pousser encore plus loin l’ironie, avouoit que son adversaire avoit parlé d’un ton doux, clair & raisonnant (de la traduction de M. l’Abbé Colin). »
    Quintilien remarque que ce reproche de Démosthêne & d’Eschine ne doit pas faire condamner ces inflexions de voix, puisque cela apprend qu’ils en ont tout deux fait usage.
    « Les grands Acteurs, dit l’Abbé du Bos, tom. 3. p. 260, n’auroient pas voulu prononcer un mot le matin, avant que d’avoir, pour s’exprimer ainsi, développé méthodiquement leur voix en la faisant sortir peu à peu, & en lui donnant l’essort comme par dégrés, afin de ne pas offenser ses organes en les déployant précipitamment & avec violence. Ils observoient même de se tenir couchés durant cet exercice. Après avoir joué, ils s’asseioient, & dans cette posture ils replioient, pour ainsi dire,