Page:Condillac - Le Commerce et le gouvernement considérés relativement l’un à l’autre, 1776.djvu/26

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jugeons qu’elle est plus ou moins propre aux usages auxquels nous voulons l’employer. Or cette estime est ce que nous appelons valeur. Dire qu’une chose vaut, c’est dire qu’elle est ou que nous l’estimons bonne à quelque usage.

La valeur des choses est donc fondée sur leur utilité, ou, ce qui revient au même, sur le besoin que nous en avons, ou, ce qui revient encore au même, sur l’usage que nous en pouvons faire.

A mesure que notre peuplade se fera de nouveaux besoins, elle apprendra à employer à ses usages des choses dont auparavant elle ne faisoit rien. Elle donnera donc, dans un temps, de la valeur à des choses auxquelles, dans un autre, elle n’en donnoit pas.

Dans l’abondance, on sent moins le besoin, parce qu’on ne craint pas de manquer. Par une raison contraire, on le sent davantage dans la rareté et dans la disette.