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Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome I.djvu/39

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elle ſeroit bornée, ſi elle étoit ſans mémoire.ſouvenir de ſes modifications, à chaque fois elle croiroit ſentir pour la premiere : des années entieres viendroient ſe perdre dans chaque moment préſent. Bornant donc toujours ſon attention à une ſeule maniere d’être, jamais elle n’en compareroit deux enſemble, jamais elle ne jugeroit de leurs rapports : elle jouiroit ou ſouffriroit, ſans avoir encore ni déſir ni crainte.

Naiſſance de la mémoire.§. 6. Mais l’odeur qu’elle ſent, ne lui échappe pas entiérement, auſſitôt que le corps odoriférant ceſſe d’agir ſur ſon organe. L’attention qu’elle lui a donnée, la retient encore ; & il