Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que voulant la toucher avec les précautions d’une mere qui craint de bleſſer ſes enfans, elle en écarte juſqu’aux plus légeres inquiétudes, & ſe réſerve à elle ſeule le ſoin de veiller à ſa conſervation ; cet état nous paroîtra peut-être digne d’envie. Néanmoins que ſeroit-ce qu’un homme de cette eſpece ? Un animal enſeveli dans une profonde létargie. Il eſt, mais il reſte comme il eſt ; à peine ſe ſent-il. Incapable de remarquer les objets qui l’environnent, incapable d’obſerver ce qui ſe paſſe en lui-même ; ſon ame ſe partage indifféremment entre toutes les perceptions,