Page:Condillac - Traité des sensations, 1754, tome II.djvu/234

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trouvé des alimens. Sa faim eſt-elle diſſipée ? Le repos devient ſon beſoin le plus preſſant ; elle reſte où elle eſt, elle s’endort. Dans de pareilles circonſtances, le beſoin de nourriture engourdit donc à certains égards les facultés de ſon ame : il tourne vers lui toute leur action. Il eſt même vraiſemblable, qu’au lieu de ſe conduire d’après ſa propre réflexion, elle prendroit des leçons des animaux, avec qui elle vivroit plus familierement. Elle marcheroit comme eux, imiteroit leurs cris, brouteroit l’herbe, ou dévoreroit ceux dont elle auroit la force de ſe ſaiſir. Nous ſommes ſi fort