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LXXXVII
DE CONDORCET.


quand des hommes de cour se mettaient sur les rangs. Condorcet prit part plus d’une fois à ces luttes, mais sans jamais mettre rien en balance avec de vrais titres littéraires.

Saint-Lambert le prie d’écrire à Turgot que l’Académie française serait heureuse de lui donner une marque de sa vénération en le nommant à la place du duc de Saint-Aignan. Condorcet désirait fort que son ami acceptât, mais à la condition, bien nettement exprimée, qu’aucun littérateur de profession ne serait agréé par la cour, qui alors était toujours consultée d’avance. Chez notre confrère, l’amour éclairé des lettres primait ainsi l’attachement le plus vrai, le respect le plus profond, une reconnaissance sans bornes.

Ces nobles conseils, il faut le dire, s’adressaient à un homme digne de les apprécier. Turgot fit même plus que son ami ne désirait. Voici sa réponse :

« Remerciez pour moi M. de Saint-Lambert. Ce n’est pas dans ce moment qu’il conviendrait de fixer les yeux du public sur moi pour tout autre objet que les affaires de mon ministère. Je crois qu’il faut tâcher de faire nommer