lieu de la vie la moins troublée. Condorcet l’éprouva en 1783. Cette année, le 29 octobre, la mort lui ravit le géomètre illustre qui,
dans toutes les circonstances, fut son guide,
son appui, son père d’adoption.
Le grand homme qui venait de succomber dans la plénitude de son génie mathématique, avait pris pour règle de conduite cette maxime que beaucoup trouveront sans doute bien puritaine : « L’usage de son superflu n’est pas légitime, lorsque d’autres hommes sont privés du nécessaire. »
D’Alembert mourut donc sans aucune fortune. Dans ses derniers jours, il ne fut pas seulement en proie à de cruelles douleurs physiques, conséquences d’une horrible maladie (de la pierre) ; peut-être ressentait-il plus vivement encore l’impossibilité où sa générosité constante l’avait réduit, de reconnaître convenablement les soins de deux vieux serviteurs. Un souvenir de l’antiquité traverse tout à coup l’esprit du célèbre académicien et y porte la sérénité : Eudamidas légua jadis à deux de ses amis le soin de nourrir sa mère, de marier sa fille ; une disposition testamentaire léguera à Condorcet la mission de