que jour l’objet, décidèrent Condorcet, de très-bonne heure, à renoncer au grand monde. Le
sacrifice ne dut pas lui coûter beaucoup, car
dans l’éloge de Courtanvaux il avait défini ce
tourbillon : la dissipation sans plaisir, la vanité sans motif, et l’oisiveté sans repos. En
dehors de ses relations scientifiques, notre confrère
ne fréquentait qu’un très-petit nombre de
sociétés choisies, où, en contact avec les hommes
éminents de l’époque, les jeunes gens apprenaient
à discuter les questions les plus ardues,
avec mesure, avec délicatesse, avec modestie.
C’est dans une de ces réunions de famille que
Condorcet rencontra, pour la première fois, en
1786, mademoiselle Sophie de Grouchy, nièce
par sa mère de MM. Fréteau et Dupaty, présidents
au Parlement. Comme tout le monde, notre
confrère admira d’abord la rare beauté,
les manières distinguées, l’esprit brillant et
cultivé de cette jeune personne. Bientôt après,
il découvrit que ces agréments s’alliaient au caractère
le plus élevé, au cœur le plus droit, à
une âme forte, à des sentiments inépuisables
de charité. Condorcet devint alors vivement
épris de mademoiselle de Grouchy et la de-
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Apparence
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BIOGRAPHIE