Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CVI
BIOGRAPHIE


extra-parlementaires, ne se crut pas lié par les décisions de la majorité à garder le secret sur les opinions qu’il avait émises. Il laissa lire ses discours au Cercle social. Cette assemblée les fît imprimer. De ce moment date la malheureuse rupture qui, brusquement et sans retour, sépara notre confrère de ses meilleurs, de ses plus anciens amis, et en particulier du duc de la Rochefoucauld.

Quand les questions que l’arrestation de Varennes devait inévitablement soulever arrivèrent à la tribune nationale, Condorcet, quoiqu’il ne fût pas membre de l’Assemblée, y devint l’objet d’attaques, d’injures personnelles les plus violentes. L’illustre publiciste admettait sans difficulté que ses opinions pussent être entachées d’erreur ; mais en interrogeant la vie de ceux qui lui faisaient une guerre si acharnée, leurs superbes dédains excitaient sa surprise. « Il se demandait (je copie ici un passage manuscrit) s’il était excessivement ridicule qu’un géomètre de quarante-huit ans, qui depuis près d’un tiers de siècle cultivait les sciences politiques ; qui le premier, peut-être, avait appliqué le calcul à ces sciences, se fût permis d’avoir une