Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CXXIX
DE CONDORCET.

Condorcet, contumace, fut mis hors la loi, et inscrit sur la liste des émigrés. On confisqua ses biens.


L’honneur s’était réfugié dans les camps ! C’est ainsi que des historiens prétendent caractériser les terribles années 1793 et 1794 de notre révolution. On ne parvient à apprécier en si peu de mots de grandes époques historiques qu’aux dépens de la vérité.

Oui, les armées de la république montrèrent un dévouement, une patience, un courage admirables ; oui, des soldats mal armés, mal vêtus, nu-pieds, étrangers aux plus simples évolutions militaires, sachant à peine se servir de leurs fusils, battirent à force de patriotisme les meilleures troupes de l’Europe et en poursuivirent les débris au delà de nos frontières ; oui, du sein de ce peuple auquel l’orgueil, la morgue nobiliaire, les préjugés de nos ancêtres faisaient une si mesquine part d’intelligence, surgirent, comme par enchantement, d’immortels capitaines ; oui, quand le salut ou l’honneur du pays l’exigea, le fils de l’humble gardien d’un chenil devint le chef illustre d’une de nos armées,