tentif dans le cercle très-étendu de sa société, et qu’après une longue épreuve elle s’avoua vaincue. Son esprit fin, pénétrant, n’était parvenu à saisir dans Condorcet ni un trait, ni
un mouvement, ni même un symptôme de
vanité, quoiqu’elle l’eût vu presque tous les
jours pendant plusieurs années, et sans cesse
en contact avec des littérateurs, des philosophes
ou des mathématiciens.
La jalousie est la juste punition de la vanité ; Condorcet n’éprouva donc jamais cette cruelle infirmité. Lorsque, absorbé par les devoirs impérieux de secrétaire de l’Académie, et, aussi, par une polémique littéraire ou politique de tous les jours, notre confrère se vit obligé de renoncer aux plaisirs vifs et purs que donnent les découvertes scientifiques, il n’en écrivait pas moins, comme d’Alembert malade, aux Euler, aux Lagrange, aux Lambert : « Donnez-moi des nouvelles de vos travaux. Je suis comme les vieux gourmands, qui, ne pouvant plus digérer, ont encore du plaisir à voir manger les autres. »
Condorcet avait poussé si loin le besoin de se rendre utile, qu’il ne fermait jamais sa porte à