Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CLXIX
DE CONDORCET.


personne ; qu’il était constamment accessible ; qu’il recevait chaque jour, sans humeur, sans même en paraître fatigué, les interminables visites des légions d’importuns, de désœuvrés, dont regorgent toutes les grandes villes, et au premier rang la ville de Paris. Donner ainsi son temps au premier venu, c’est la bonté poussée jusqu’à l’héroïsme.

Je ne parlerai pas du désintéressement de Condorcet : personne ne l’a nié.

« En morale, disait-il dans une lettre à Turgot, je suis grand ennemi de l’indifférence, et grand ami de l’indulgence. »

La phrase manquerait de vérité, si on la prenait dans un sens absolu : Condorcet était très-indulgent pour les autres, et très-sévère pour lui-même. Il portait quelquefois le rigorisme jusqu’à se préoccuper sérieusement, jusqu’à s’effaroucher de certaines formules de politesse qui ont cours dans la société, comme des pièces de monnaie dont on serait convenu de ne jamais examiner le titre. Ainsi, M. de Maurepas se montre très-irrité d’une lettre dirigée contre Necker, et dans laquelle se trouvaient des