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CLXXXI
SUR L'HISTOIRE DES GIRONDINS.

En tout cas, les arbres du Luxembourg, dont la première verdure, dit M. de Lamartine, donna le vertige à l’ancien secrétaire de l’Académie des sciences, doivent être mis hors de cause, car alors on ne les voyait pas, je crois, de la rue Servandoni ; et je puis affirmer qu’ils étaient complétement invisibles des fenêtres de la maison de Mme  Vernet. J’ajouterai que, dans son désir supposé et fort inopportun de jouir des plaisirs de la campagne, Condorcet aurait été bien mal inspiré en se dirigeant sur Fontenay-aux-Roses ; vers un plateau où il n’existe ni rivière ni le plus petit ruisseau, où l’on ne peut écouter la fuite des eaux qu’au moment d’une forte averse.

Les inexactitudes dans lesquelles des personnes mal informées ont entraîné M. de Lamartine m’ont conduit, au surplus, à la découverte d’un passage authentique qui ne peut laisser aucun doute sur les honorables motifs qui déterminèrent l’évasion de Condorcet, le 4 germinal an II. Ce passage, je l’ai trouvé dans l’avertissement d’un Traité d’arithmétique publié par ce même M. Sarret, que j’ai pu citer si honorablement à la page clii. Le voici :

« La veille du jour où Condorcet quitta son asile, un inconnu se présenta chez la propriétaire de la maison, sous prétexte de voir un appartement qui était à louer ; il fit connaître, par nombre de questions singulières et étrangères à l’objet qu’il disait