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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


persécution contre lui a été une des injustices les plus absurdes que j’aie jamais vues. Il y a un M. de Belguai, ou de Belleguerre, ou Belleguier[1], qui a composé pour le prix de l’université selon vos vues : c’est un ancien avocat retiré. J’ai lu quelque chose de son discours : cela est si terrible et si vrai, que j’en crains la publication.

Soyez sûr, Monsieur, que je ne mérite point du tout l’honneur qu’on m’a fait de me mettre au-dessus de Sophocle au physique : c’est une mauvaise plaisanterie qu’on a faite mal à propos sur une très-belle demoiselle, qui n’est pas assez sotte pour s’adresser à moi[2].

Mille respects.


9. À CONDORCET.


1er  février 1773.


À mon secours les philosophes ! Vous savez, Monsieur, dans quel esprit j’ai fait les Lois de Minos. Cela m’avait coûté des peines infinies, car j’avais mis près de huit jours à faire cette pièce, et j’en mettais presque autant à la corriger. Voilà tout d’un coup qu’un

  1. Voltaire lui-même. Voyez Discours de M. Belleguier, tome XLVII de ses œuvres.
  2. Voltaire raconte cette aventure au duc de Richelieu, dans une lettre du 21 septembre 1772 : « On avait, dit M. Beuchot, répandu le bruit à Paris qu’une Messaline de Genève avait réchauffé les sens de Voltaire, et qu’à la suite de l’entrevue Voltaire avait eu des évanouissements. »