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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/214

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CORRESPONDANCE


comédien, ou un souffleur, ou un ouvreur de loges [1], qui barbouille cette tragédie de vers de sa façon, qui supprime ce que j’ai fait de plus passable, qui gâte le reste, et qui vend le tout à un faquin de libraire nommé Valade. Le maraud imprime et débile hardiment la pièce sous mon nom, sans approbation, sans privilège. Ce brigandage est digne du tripot de la comédie, et de tous les petits tripots qui partagent votre ville. Pourriez-vous en dire ou faire dire un mot à M. de Sartine ?

L’avocat Belleguier [2] me mande de Grenoble qu’il ne sait comment vous envoyer sa diatribe ; ayez la bonté de lui donner une adresse, et mettez un C au bas de vos lettres, de peur de méprise. Allons, combattons jusqu’au dernier soupir.

V.
10. A CONDORCET.


1er mars 1773.

J’ai reçu, Monsieur, un petit ouvrage d’or [3], à mon vingt-deuxième accès de fièvre ; je l’ai lu tout de suite. Je ne suis pas guéri, mais je suis en vie, et je crois que c’est à vous que je le dois. Cet ouvrageest un monument bien précieux : vous paraissez par-

  1. Point du tout ; c’était Marin. Voltaire le sut plus tard, et le dit dans sa lettre à d’Argental du 18 février 1774.
  2. Voyez la lettre précédente.
  3. Les Éloges des académiciens de l’Académie royale des sciences, morts depuis l’an 1666 jusqu’en 1699, par Condorcet,vol. II, p. 1.