vous savez quelque chose à m’apprendre touchant
l’homme dont vous vous êtes si justement défié. Il
me semble que la Condamine vous a laissé un beau
canevas à remplir. Son histoire philosophique sera
curieuse. On dit qu’il est mort d’une manière
très-anti-philosophique, en se mettant entre les mains d’un charlatan qui l’a tué
[1]. Je sais bien que la plupart des hommes meurent entre les mains des charlatans, soit empiriques, soit autres.
Dieu me préserve de tous ces gens-là ! Je serai bientôt dans le cas.
Adieu, Monsieur ; jouissez en paix de la vie, de votre réputation et de votre vertu.
Si vous me faites l’honneur de m’écrire, je vous prie d’adresser vos lettres à Gex.
- RATON.
- 6 mars 1774.
Je n’ai point de mémoires particuliers sur l'histoire de l’hippopotame [2]. S’il vous a trahi, s’il a abusé de votre confiance, c’est une infamie de plus, et une infamie d’autant plus grande qu’il vous doit le peu d’existence qu’il a eu dans la littérature. C’est un des plus dégoûtants hypocrites de vertu que je connaisse, et il deviendra hypocrite d’autre chose dès qu’il y trouvera à gagner.