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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/228

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CORRESPONDANCE


vous savez quelque chose à m’apprendre touchant l’homme dont vous vous êtes si justement défié. Il me semble que la Condamine vous a laissé un beau canevas à remplir. Son histoire philosophique sera curieuse. On dit qu’il est mort d’une manière très-anti-philosophique, en se mettant entre les mains d’un charlatan qui l’a tué [1]. Je sais bien que la plupart des hommes meurent entre les mains des charlatans, soit empiriques, soit autres.

Dieu me préserve de tous ces gens-là ! Je serai bientôt dans le cas.

Adieu, Monsieur ; jouissez en paix de la vie, de votre réputation et de votre vertu.

Si vous me faites l’honneur de m’écrire, je vous prie d’adresser vos lettres à Gex.

RATON.


18. A VOLTAIRE.


6 mars 1774.


Je n’ai point de mémoires particuliers sur l'histoire de l’hippopotame [2]. S’il vous a trahi, s’il a abusé de votre confiance, c’est une infamie de plus, et une infamie d’autant plus grande qu’il vous doit le peu d’existence qu’il a eu dans la littérature. C’est un des plus dégoûtants hypocrites de vertu que je connaisse, et il deviendra hypocrite d’autre chose dès qu’il y trouvera à gagner.

  1. Voyez la réponse à cet article dans la lettre suivante.
  2. Marin. Allusion au quolibet de Beaumarchais, l'ammal marin.