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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


me flatte qu’il est aussi bien instruit que vous, et qu’il a trouvé l’équation tout d’un coup.

Voilà de ces choses qu’on ne devrait pas attendre dans la république des lettres. Que d’infamies dans cette république ! Il faut espérer que les deux secrétaires unis mettront tout sur un meilleur pied. Je suis un peu victime des brigands soi-disant lettrés, mais je me console avec vous.

Le quatrième mémoire de Beaumarchais ne laisse pas de donner de grandes lumières sur des choses dont vous m’aviez déjà parlé [1], et dont je vous prierais de m’instruire si vos occupations vous le permettaient. Ce Beaumarchais justifie bien les défiances que vous aviez [2]. Malheureusement j’ai eu trop de confiance. Pour surcroît de peine, il faut que je me taise [3]. Cela gêne beaucoup quand on a de quoi parler et qu’on aime à parler.

Ne vous gênez pas, je vous en prie, avec moi, si

  1. Sur Marin, secrétaire de la librairie et censeur royal. Voltaire avait en lui toute confiance et faisait passer sa correspondance par ses mains. Il avait même voulu, en 1770, faire entrer Marin à l’Académie française. Il se trouva que ledit Marin décachetait la correspondance de Voltaire, et lui avait volé les Lois de Minos, dont il fit une édition subreptice. Voyez, ci-dessus, lettre 9.
  2. « M. le marquis de Condorcet m'avait averti qu’il ne voulait plus recevoir de lettres par les bons offices d’un homme qui était soupçonné de les ouvrir, soupçonné d’être espion, soupçonné d’être, d’être, etc..... On s’est trop aperçu enfin que cette défiance de M. de Condorcet était trop fondée. »
    (D’Alembert, 25 février 1774.)
  3. Parce que Marin avait retenu en main de quoi se venger.