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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


de ne pas rire au nez de ceux qui ont proposé ce beau projet, mais après un examen sérieux ils l’ont rejeté. On s’est rabattu à former une congrégation d’éducation, dont les jésuites seraient exclus ; mais ce seront toujours des fanatiques et des moines. C’est comme si les Caraïbes changeaient l’habitude d’aplatir en large la tête de leurs enfants, en celle de l’aplatir en long : ils n’en resteraient pas moins imbéciles. Les dévots se sont réconciliés avec les athées hypocrites pour faire cette belle œuvre, dont il ne faut pourtant parler qu’avec des mitaines. L’agonie de la superstition sera longue, et elle a quelquefois des intervalles de vigueur qui font frémir !

Le comte Schouvalof [1] a fait des vers charmants à Ferney, qui vaut mieux que le Parnasse. Vous ne me les avez pas envoyés. Vous ne m’envoyez rien !


19. A CONDORCET [2].


4 mai 1774.


Le vieux malade ne peut écrire ni de ses mains, ni de celle de son scribe, qui est malade aussi ; il se sert d’une main étrangère pour vous dire. Monsieur

  1. C’est le comte André de Schouvalof, neveu du comte Jean de Schouvalof, chambellan de l’impératrice de Russie. Voltaire répondit à l’épître dont il est ici question par des vers qu’on peut lire, t. XIV, p. 453 de ses œuvres. Le comte de Schouvalof faisait des vers français avec assez de facilité pour qu’une Épitre à Ninon, dont il est l’auteur, ait été attribuée à Voltaire.
  2. Voltaire, t. XLVIII, page 492.