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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/238

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CORRESPONDANCE


nistère ; mais il est dit dans la sainte Écriture : Nolite audire prophetas [1].

Adieu, Monsieur, conservez-moi des bontés qui font la consolation de ma vie.


22. A VOLTAIRE.


Ce 22 juillet 1774.


Vous savez sans doute la nomination de M. Turgot [2]. Il ne pouvait rien arriver de plus heureux à la France et à la raison humaine. Jamais il n’est entré dans aucun conseil de monarque d’homme qui réunît à ce point la vertu, le courage, le désintéressement, l’amour du bien public, les lumières et le zèle pour les répandre. Depuis cet événement, je dors et je me réveille aussi tranquillement que si j’étais sous la protection de toutes les lois de l’Angleterre. J’ai presque cessé de m’intéresser pour les choses publiques, tant je suis sûr qu’elles ne peuvent manquer de bien aller.

M. Turgot est un de vos admirateurs les plus passionnés et un de mes illustres amis ; ainsi nous aurions des raisons particulières d’être heureux, si les raisons particulières pouvaient se faire entendre ici.

Je vous envoie, mon cher et illustre maître, un exemplaire imprimé de l’Éloge de Fontaine, non pas

  1. Jérémie, chap. XXVII, vers. 9. B.
  2. Au ministère de la marine, sous M. de Maurepas, Cette nomination est du 20 juillet 1774.