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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/239

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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


que j’imagine que vous puissiez avoir le temps de le relire, mais comme un hommage. C’est beaucoup pour moi que vous daigniez ; lire une fois ce que j’écris.

Le choix de M. Turgot mérite d’être célébré par tous ceux qui s’intéressent à la bonne cause. On a pu papillonner aux oreilles du roi quelques compliments sur les choix édifiants qu’il avait faits jusqu’ici : il est juste qu’il s’accoutume, en récompense de celui qu’il vient de faire, à entendre une autre mélodie.

Les princes d’Orléans ont eu ordre de ne point paraître à la cour, parce qu’ils n’ont pas voulu paraître au catafalque [1] et y saluer le parlement [2]. C’est une tracasserie qui n’influera point sur les affaires publiques ; ce parlement-ci est vil et méprisé, l’ancien était insolent et haï, tous deux étaient sots et fanatiques. Il en faut un troisième, et j’espère que c’est ce qui va arriver, et qu’on n’y souffrira ni les assassins de La Barre, ni leur esprit. L’infâme Pasquier est dans la dévotion et dans l’opprobre. Le Saint-Fargeau se pavane dans ses terres, admiré de ses valets. Michau n’est aux yeux du public qu’un brouillon sans courage et sans talents. Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé.

C’est aujourd’hui la fête de sainte Madeleine. Croyez-vous que jamais il y ait rien eu d’aussi atroce et d’aussi bête que de punir de mort un homme

  1. De Louis XV.
  2. L’ancien parlement, exilé en 1771 pour faire place au parlement Maupeou, et rappelé à l’avènement de Louis XVI.