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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/260

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CORRESPONDANCE


mortel les accusations de l’imbécile. Si nous pouvons parvenir à éclipser ce pauvre misérable accusateur, l’accusé n’a plus à craindre que l’archevêque de Paris ou l’abbé de Sainte-Geneviève ; son affaire devient la plus simple et la plus aisée, comme la plus juste.

Je ne connais que trop ce ridicule code pénal que chaque juge porte dans sa poche quand il va à la Tournelle ; mais je n’en ai que la première édition de 1752. Il est bien affreux que la vie des hommes dépende de cet impertinent ouvrage, selon lequel un juge est en droit de condamner aux galères quiconque aura été à Notre-Dame de Lorette sans une permission signée de M. le comte de Saint-Florentin. Tout est arbitraire dans notre abominable jurisprudence. Attendons que nous ayons mis le contumace en état de se justifier pleinement, faute d’accusateurs. C’est une justification pleine et entière que nous voulons obtenir, et rien autre chose. Si nous y parvenons, la famille du chevalier fera ce qu’elle voudra ; mais je doute que cette famille soit jamais aussi généreuse et aussi intrépide que vous.

Si nous ne pouvons parvenir à justifier légalement notre infortuné, je le renverrai au roi son maître, et j’espère que ce prince l’avancera dans le service autant parla connaissance de son mérite que par la juste indignation qu’il ressentira.

Je suis aussi outré, aussi bouleversé de cette exécrable aventure, que je le fus le premier jour. Je me trompe, je le suis davantage. Tous mes sentiments augmentent avec l’âge, et surtout celui qui m’attache ; vous avec une très-tendre vénération.