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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/28

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XIV
BIOGRAPHIE


dans la confidence de leurs emprunts ; ils aiment mieux étonner qu’instruire ; ils ne voient pas assez combien le rôle de débiteur loyal est doux, en regard de celui qui peut soulever des soupçons de mauvaise foi.

Ici se place une distinction essentielle :

Dans les sciences d’observation, toutes les assises dont se compose l’édifice final sont plus ou moins apparentes, les livres, les collections académiques disent quand et par qui ces assises ont été posées. Le public peut compter les échelons qu’a dû suivre celui à qui était réservé le bonheur d’atteindre le sommet. Chacun a sa légitime quote-part de gloire dans l’œuvre des siècles.

Il n’en est pas tout à fait de même des mathématiques pures. La filiation des méthodes échappe souvent aux yeux les plus exercés ; on y rencontre, à chaque pas, des procédés, des théories sans liaison apparente avec ce qui précède. Certain géomètres planent majestueusement dans les hautes régions de l’espace, sans qu’il soit aisé de dire qui leur a frayé le chemin. Ajoutons que ce chemin était ordinairement établi sur un échafaudage dont personne n’a pris