soin quand l’œuvre a été accomplie. En rechercher
les débris épars est un labeur pénible, ingrat,
sans gloire et par cette triple raison très-rarement
entrepris.
Les savants qui cultivent les mathématiques pures sans arriver aux premiers rangs, doivent se résigner à tous ces désavantages. Je n’ai pas encore cité le plus grave : il résulte, suivant moi, de la nécessité qu’éprouve l’historien des mathématiques, de se dépouiller entièrement des lumières de son siècle, quand il est appelé à juger les travaux des siècles antérieurs. Voilà, au fond, pourquoi Condorcet n’a pas encore pris son véritable rang parmi les géomètres. Voilà surtout ce qui m’aurait fait reculer devant l’obligation de caractériser nettement, et en quelques lignes, les nombreux travaux mathématiques de notre ancien secrétaire. Heureusement, ainsi qu’on le sait déjà, j’ai dans les mains des pièces inédites de Lagrange, de d’Alembert où les mémoires de Condorcet étaient appréciés au moment même de leur publication. Ce sont ces appréciations que je mentionnerai. Condorcet se trouvera ainsi jugé par les hommes les plus compétents, et, ce qui en fait de mathé-