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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/301

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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


1770 [1] en Hollande. Les sauvages, qui n’entendent pas encore le français, ont cru que le mot théiste signifiait athée, que tolérance voulait dire impiété et vertu, sacrilège.

Je crois vous avoir dit qu’on avait donné un décret de prise de corps contre l’auteur ; je crois aussi vous avoir fortement conjuré de ne jamais hasarder les pattes de Raton, qui ne peut plus marcher, qui n’aurait plus de trou pour s’y retirer, et qui serait infailliblement mangé par les chats fourrés [2]. J’ai dit à peu près les mêmes choses à l’autre Bertrand, et je vous prie tous deux de vous informer de l’affaire de ce pauvre de Lisle de Sales.

Qu’est-ce donc qu’un avocat nommé Blondel, qui s’est avisé d’écrire des horreurs contre M. de Vaines, votre ami, et qui n’a pas épargné M. Turgot, votre autre ami ? Est-il vrai que ce maraud est à la Bastille ? Je ne puis croire que les apédeutes [3] aient la hardiesse de refuser leurs griffes au, sage et bienfaisant ministre père du peuple, et s’ils faisaient les difficiles, je pense qu’ils trouveraient à qui parler, et bientôt à qui ne plus parler.

Est-il vrai que le cardinal de Luynes se meurt ? Ne seriez-vous pas tenté de purifier notre Académie en lui succédant ? Vous nous rendriez un grand ser-

  1. En 1769. Voyez ci-dessus la lettre n° 49.
  2. Voyez au livre Ier de Pantagruel, ch. XIV et XV, qui sont les chats fourres, et comment ils vivent de corruption.
  3. Voyez Pantagruel, livre Ier, ch. XVIII. Les apédeutes ou apédeftes sont les gens de justice.