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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/302

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CORRESPONDANCE


vice. Nous avons beaucoup trop de prêtres, et nous n’avons pas assez d’hommes.

Mille tendres respects.
Raton.


51. A CONDORCET.


26 février 1776.


Eh bien, mon cher et respectable philosophe, à quand la Saint-Barthélémy ? Savez-vous que le fameux libraire Saillant, l’un des plus honnêtes hommes de Paris, qui avait imprimé la Philosophie de la nature, a été dénoncé par son propre fils, et que pour comble d’horreur ce fils est médecin ?

Savez-vous que Dupré de Saint-Maur, neveu du traducteur de Milton et conseiller au parlement ; Clément de Barville, avocat général à la cour des aides, et deux conseillers du même nom, poursuivent avec fureur.un pauvre ex-oratorien philosophe, soupçonné d’être l’auteur de cette philosophie ?

Savez-vous qu’ils ont donné de l’argent aux sergents et aux recors, qui sont venus pour saisir l’ex oratorien auprès de Pontoise ?

Savez-vous qu’enfin nous sommes prêts de revenir au temps des Guincestre, des Aubry, des Clément, des Châtel et des Ravaillac ?

Il me paraît absolument nécessaire que les honnêtes gens se tiennent serrés en bataillon. Il faut que vous soyez de notre Académie avec M. l’abbé Morellet : votre nom et votre éloquence en impose-