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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


un furieux pas de clerc ; on dit qu’on chante par toute la France : ô les fichus pères ô gué ! ô les fichus pères [1] !

Si vous n’êtes pas à Paris, ayez la bonté de me renvoyer ma lettre prussienne par M. de Vaines. Vous m’avez trouvé là un bon correspondant. Je vous en remercie de toute mon âme.

V.


58. A VOLTAIRE.


Ce 23 avril 1776.


Je ne sais rien, mon cher et illustre maître, de l’affaire de M. de Lisle de Sales. M. le garde des sceaux ne lui trouve d’autre ressource que d’appeler au parlement de la sentence du Châtelet, et il peut tenter cette voie sans danger, parce qu’il le peut faire de loin [2]. Mais le parlement convertirait son décret en un décret plus doux, il faudrait le subir, comparaître, et peut-être essuyer un arrêt ridicule.

Rousseau a eu un sauf-conduit dans un cas plus dangereux, mais il est étranger.

M. de Lisle a fait autrefois la correspondance du roi de Prusse pour Thiriot. Le roi pourrait le naturaliser Prussien, le faire membre de son académie, de son université, et demander ensuite un sauf-conduit. Mais il faudrait encore savoir si ce sauf-conduit met à l’abri des effets civils du décret.

  1. Voyez, sur cette chanson, la lettre à M. de Vaines, également du 3 avril, et la note de M. Beuchot, t. XX, p. 3.
  2. C’est aussi ce qu’il fit, et le parlement, en mai 1777, réforma le jugement du Châtelet, et se contenta d’admonester l’auteur.