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ENTRE VOLTAIRE ET CONDORCET.


qu’on l’avait renvoyé parce qu’il n’était pas propre à sa place. Voilà les intrigues de M. de Maurepas auprès du roi ; voici maintenant ce qu’il a voulu montrer au public.

Le comte de Guines a été accusé par son secrétaire d’avoir joué dans les fonds publics à Londres, et de l’avoir ensuite désavoué pour se dispenser de payer. Sa réponse est que, sachant la paix faite, il n’aurait pu jouer qu’à jeu sur. Mais elle ne vaut rien ; il est prouvé au roi, à M. de Maurepas et aux ministres, que M. de Guines ne savait rien de la négociation relative à cette paix ; et que lorsque le chargé d’affaires lui en rendait compte par pure politesse, il le communiquait à tort ; il est prouvé qu’il ne savait pas la négociation finie lorsqu’il a joué. Le comte de Guines est donc coupable. Mais la reine, que l’on n’en a pas instruite, et qui le croit victime de M. d’Aiguillon, le protège. M. de Maurepas a déterminé le roi à faire M. de Guines duc, malgré ce qu’il en savait, et il l’a été apprendre à la reine, espérant se réconcilier avec elle ; charger auprès d’elle MM. Turgot et Malesherbes du rappel de M. de Guines ; la charger auprès du public du renvoi de M. Turgot ; en obtenir le rappel de M. d’Aiguillon, neveu de sa femme, et la consoler par là du renvoi de M. Turgot, parce que, tout en désirant son départ, elle avait trouvé cette forme indécente.

Ce beau projet n’a point réussi. M. de Maurepas comptait sur le peu d’esprit de la reine ; mais il oubliait que, n’ayant pas comme lui le bonheur d’être eunuque, elle avait un peu d’âme. Elle lui a donc