nexions légitimes, en dehors de celles dont on
a puisé les rudiments dans des impressions de
jeunesse ou dans la lecture des ouvrages classiques.
Pour comprendre que les tribunaux civils
et criminels doivent être constitués de manière
qu’un innocent coure très-peu de risques d’être
condamné ; pour comprendre aussi que les
chances d’une condamnation injuste seront
d’autant moindres que le jugement devra être
rendu à une plus grande majorité, il suffit des
sentiments d’humanité les plus ordinaires et
des simples lumières naturelles. Le problème
devient plus compliqué, s’il s’agit de concilier
la juste garantie qu’il faut assurer aux innocents,
avec le besoin qu’éprouve la société de
ne pas laisser échapper trop de coupables ; alors
la simple raison ne conduit plus qu’à des résultats
vagues ; le calcul seul peut leur donner de
la précision.
Répétons-le, il y a, dans les décisions judiciaires, certaines faces, certains points de vue du ressort du calcul. En portant dans ce dédale le flambeau de l’analyse mathématique, Condorcet n’a pas seulement fait preuve de hardiesse : il a de plus ouvert une route entièrement nou-