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CORRESPONDANCE


assassinés. Je suis fâché aussi que, dans la préface d’une traduction des Douze Césars, il parle de Fréron, de Dorat, du chevalier Grandisson, etc. La traduction est d’ailleurs un peu faite à la bâte, et il n’a pas toujours mis le mot propre.

Notre Parlement est en feu ; le roi lui a envoyé une déclaration qui lui ôte le droit de faire des remontrances plus d’une fois, lui défend de s’assembler sans l’aveu du premier président, prononce la peine de la privation des offices contre ceux qui cesseraient le service, interdit toute correspondance entre les parlements, et proscrit les termes de classe, d’association, et tous les mots techniques du système d’unité parlementaire. Il est dit dans le préambule que l’esprit qui tend à détruire la religion et les mœurs, s’est glissé jusque dans la magistrature. Ainsi, voilà Messieurs accusés d’être encyclopédistes ; ils doivent au roi justice pour cette calomnie. Voilà du moins ce que j’ai saisi au travers un déluge de paroles, que j’ai eu le malheur d’entendre sortir de la bouche de Pasquier. Il serait heureux pour l’humanité qu’il n’en fût jamais sorti que des sottises. Je prends peu d’intérêt à cette affaire : il m’est impossible de m’intéressera une tragédie dont Michel, Michau et le bœuf-tigre [1] sont les héros, et qui se dénouera par des amphigouris.

Voltaire est très-affligé de la mort de l’abbé Audra [2], qu’il croit être mort des persécutions qu’on

  1. Michel Lepelletier de Saint-Fargeau, Michau de Montaron de Montblin et Denis Pasquier. Voyez ci-dessus p. 166.
  2. Docteur de Sorbonne, d’abord professeur de philosophie,