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CORRESPONDANCE


à Praslin ; le roi a fait donner ordre à M. de Choiseul de se retirer de la cour, vers midi, un moment après son départ pour la chasse. On lui a permis de rester à Paris jusqu’au mercredi matin. M. de Praslin était malade : on lui a donné jusqu’à jeudi, parce qu’il avait mandé que ce jour-là il pourrait se rendre au conseil.

Voici en détail l’histoire de l’abbé Morellet. Le roi de Pologne, en donnant une abbaye au prince de Chimay, alors l’abbé d’Alsace, l’avait chargé de pensions, entre autres d’une pour l’abbé Morellet. L’abbaye a été ensuite rendue aux réguliers, qui se sont engagés à continuer le payement des pensions. M. l’évêque d’Orléans vient de la remettre en commende et de la donner au précepteur des enfants de madame de Forbach, qui a épousé le duc de Deux-Ponts de la main gauche, et ce précepteur ne veut payer ni l’abbé Morellet, ni l’abbé Porquet, ni les autres pensionnaires. Ceux-ci agissent, et finiront par plaider si cela est nécessaire. Voilà ce que m’a dit ce pauvre abbé, qui joint une fluxion douloureuse sur les dents à ses autres malheurs, et qui est très-sensible à l’intérêt que vous prenez à lui.

Je suis assez de votre avis sur le Suétone de M. de La Harpe ; mais il est bien malheureux. Il y a contre lui un déchaînement si général, qu’il faut qu’il renonce à l’Académie. On l’accable d’épigrammes, d’injures et d’imputations odieuses. On ne haïssait pas plus Voltaire il y a quarante ans, quoique Voltaire fût bien plus haïssable, puisqu’il avait fait la Henriade et Alzire.