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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/390

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CORRESPONDANCE


dont la fenêtre était ouverte ; il m’a dit que pendant près d’une minute il fut frappé d’une clarté extraordinaire. Mais comme il est peu curieux, il ne s’avisa que fort tard de regarder à la fenêtre, et il n’eut que le temps d’apercevoir une espèce d’éclair très-vif qui se plongeait à l’horizon. Je n’ai pas connaissance que personne ici ait rien vu de mieux. L’on n’a point entendu de bruit, et cela n’est pas étonnant, vu l’éloignement où nous sommes de Paris ; mais cet éloignement prouve à quel point ce phénomène était élevé dans l’atmosphère. Pour aider à en porter un jugement plus sûr, j’ai fait prendre avec un graphomètre l’angle que fait avec la méridienne la direction dans laquelle j’ai vu de mon bureau cette lumière se plonger sous le toit qui me l’a dérobée, et j’ai fait prendre l’élévation du bord de ce toit. Il en résulte que lorsque ce phénomène s’est caché à mes yeux, je le voyais sous un angle de 5 à 6 degrés de hauteur, et du côté du nord, dans une direction qui déclinait de la méridienne, de 15 à 16 degrés vers l’orient. Vous comprenez que je ne vous donne pas ces angles comme mesurés avec précision, puisque ce n’est que de mémoire que j’ai pu fixer le point où j’ai vu disparaître le phénomène. La position de Limoges est suffisamment connue. Il est à souhaiter qu’il parvienne à l’Académie des observations plus précises et de différents lieux éloignés, pour bien constater la hauteur du lieu de l’explosion. L’intervalle de deux minutes entre l’explosion et le bruit en annonce déjà une bien étonnante.

Le nouveau Parlement a dû être bien surpris de