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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


démie française une épitre à Racine. Cette épître n’a point eu le prix ; aussitôt que l’auteur apprend qu’il est donné, il court chez tous les académiciens pour savoir le sort de sa pièce ; chacun lui répond qu’il n’en a jamais entendu parler. Cette réponse le surprend un peu ; il s’informe si elle a été remise, et il trouve enfin qu’on a essayé de la lire, qu’elle est tombée des mains du lecteur, et que tout le monde l’avait absolument oubliée. En conséquence, il vient de la faire imprimer pour que le public jugeât entre lui et l’Académie, et le jugement du public a été qu’il était impossible de lire la pièce de M. Blin de Saint-More.

L’édit sur le papier n’aura pas lieu, il ruinait les libraires et le commerce du papier. Les évêques n’auraient plus vendu ni heures ni catéchismes, les philosophes n’auraient pu éclairer les hommes, et M. l’abbé Terrai tuait d’un même coup la raison et la religion.

Grippe-minaud le bon apôtre.
Jetant des deux côtés sa griffe en même temps,
Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre.

Adieu, Monsieur ; vous connaissez ma tendre amitié pour vous, je compte bien sur la vôtre, et c’est un sentiment bien doux pour moi. Il est si bon pour l’âme de pouvoir s’appuyer sur l’objet de son estime et de sa vénération.