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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/408

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CORRESPONDANCE


le fond, parce qu’ils étaient obscurs, et c’était le fond blanchâtre entrecoupé qui formait l’apparence d’un ciel pommelé. Une autre particularité de cette aurore boréale, c’est qu’elle était principalement répandue vers le sud, quoiqu’il y eût dans la partie sereine du ciel quelques colonnes lumineuses qui rasaient la grande Ourse.

J’ai souvent vu des nuages bordés de blanc ; comme s’ils avaient été éclairés par la lune, quoiqu’elle ne fût pas sur l’horizon. J’ai vu aussi des nuages blanchâtres isolés dans des parties du ciel fort éloignées du nord. Une fois, c’était, je crois, le 18 février 1764, j’ai vu une espèce de bande lumineuse qui s’étendait presque d’un bout à l’autre de l’horizon, et qui était d’une largeur à peu près égale partout. Elle suivait à peu près la direction du zodiaque, et n’était point la lumière zodiacale, 1° parce qu’elle était détachée de l’horizon ; 2° parce qu’elle était beaucoup plus étendue ; 3° parce que sa largeur était uniforme, et qu’elle ne se terminait pas en pointe ; 4° parce qu’elle avait un mouvement parallèle à elle-même assez lent, mais très-sensible. Je ne me souviens plus si c’était au midi ou au nord. Plus je vois ce phénomène et les différentes formes qu’il prend, plus je me convaincs que ce sont de véritables nuages qui n’appartiennent qu’aux parties les plus élevées de l’atmosphère, et que la matière qui les compose s’enflamme par une combustion réelle, tantôt lente et paisible comme celle du charbon, tantôt rapide et se communiquant au loin, comme dans la flamme et dans des traînées de matières combustibles. Je ne serais