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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/407

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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.

J’attends votre vannier[1], qui sans doute est parti ; car je n’imagine pas que vous ayez suspendu son départ, et que vous ayez douté de l’acceptation de vos conditions. Je ferai mon possible pour qu’il soit content et pour tirer parti du talent de sa femme. S’il arrive pendant le petit séjour que je vais faire à Verteuil, il s’adressera à l’ingénieur de la province, M. Tresaguet. J’ai pris le parti pour votre graine de raves de l’envoyer sous une double enveloppe à M. Bertin, et j’ai prié mademoiselle de l’Espinasse de lui en demander la permission.

J’ai été fort content des Cabales et des Systèmes[2], à quelques bagatelles près. On a beau dire, cet homme ne vieillit point, et donne le démenti à son extrait baptistaire, pour mieux le donner à son baptême.

Avez-vous eu des orages comme nous et des grêles épouvantables ? Nous avons aussi eu des aurores boréales très-fréquentes ; mais je les ai peu observées, parce que pendant mes courses je me couchais de très-bonne heure. J’en ai pourtant remarqué une le 28 juin sur les dix heures du soir, à Limoges, d’autant plus remarquable qu’elle ressemblait très-peu aux aurores boréales ordinaires. Ce n’était qu’une clarté blanchâtre, qui tapissait le fond du ciel, et qu’on apercevait à travers les nuages légers dont le ciel était parsemé, et qui rendaient, comme on dit, le temps pommelé. Mais les nuages semblaient être

  1. Turgot, pour répandre dans le Limousin l’art de la sparterie, avait demandé à Condorcet de lui envoyer un vannier picard.
  2. Deux pièces de Voltaire. Voyez le tome XIV de ses œuvres.