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CORRESPONDANCE


un peu fatigué des excursions multipliées et des paradoxes incohérents qu’il rassemble de toutes les parties de l’horizon ; il entasse ceux de tous les auteurs les plus paradoxaux et les plus opposés, tous les systèmes moraux, immoraux, libertins, romanesques ; tout est également revêtu des couleurs de son éloquence, et soutenu avec la même chaleur : aussi ne résulte-t-il rien de son livre. Je voudrais aussi qu’il s’abstînt de déraisonner physique. Il aurait souvent besoin qu’on lui donnât le même avis que vous avez donné à La Harpe, lorsque celui-ci définissait l’octaèdre, une figure à huit angles.

Adieu, Monsieur ; donnez-moi quelquefois de vos nouvelles, et de celles des choses qui vous intéressent, sans user de représailles avec moi.


27. A TURGOT.


Ce 1er octobre 1772.


Je profiterai avec grand plaisir de vos remarques sur l’éloge de Fontaine, Monsieur ; j’y ajouterai sûrement un mot sur l’obscurité nécessaire du compte que je rends de ses principaux ouvrages, et en même temps j’en ferai sentir l’utilité éloignée. Si vous voulez, je vous enverrai cette addition à part ; vous la ferez coudre à votre copie.

J’ai été fort content de l’éloge d’Helvélius [1], à cela près que je crois qu’il le place un peu trop haut ; il le met sur la même ligne que Locke, que Montesquieu, et dùt-on m’accuser de jalousie, et dire que

  1. Par le marquis de Chastellux. C’est lui que désigne il dans la phrase suivante.