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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


je cherche à déraciner avec un canif un chêne planté dans un terrain ferme, je ne pourrai me résoudre à regarder Helvétius comme un grand génie. Mais quel rapport trouvez-vous entre le livre de l’Esprit, qui se lit avec plaisir, et le poème [1], qui est mortellement ennuyeux ?

Adieu, Monsieur ; je vous écris à Limoges, parce que votre lettre m’a trouvé au retour d’un voyage de huit jours, et qu’ainsi je n’ai pu vous répondre sur-le-champ. Voici le temps où je dois m’inquiéter de votre retour à Paris. Dites-moi quand j’aurai le plaisir de vous y revoir.


28. A TURGOT.


Ce 5 novembre 1772.


Il y a longtemps que je vous ai écrit à Limoges, Monsieur ; je vous parlais avec la douceur d’un agneau qu’on va tondre, des précautions sublimes qu’on se prépare à prendre pour nous faire mourir de faim ; ainsi je ne puis croire que mes bêlements aient tenté les commis de la poste, et je crois que ma lettre s’est perdue par les chemins.

Je ferai votre commission pour M. Montagne. Je savais que nous avions dans notre grenier quelques mauvais instruments ; mais je ne savais pas que nous en prétassions, et j’ai peur que M. l’évêque de Rhodez ne se soit trompé. Au reste, cet évêque n’est pas bon catholique ; il cherchait l’année dernière un

  1. Sur le bonheur.