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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/425

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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


trat s’est, dit-on, avisé de faire un enfant à une autre qu’à madame de Goëzman, apparemment dans une de ces époques où madame n’a passa tête [1]. Cet enfant, il l'a fait, baptiser, et ensuite par décence il a signé sur l’acte un autre nom que le sien. Beaumarchais a découvert ce trait de pudeur ; il l’a envenimé, et, sur la dénonciation de M. le procureur général, son digne confrère a été décrété d’ajournement personnel. Au reste, on dit que Beaumarchais a eu défense de faire paraître un mémoire contre Marin, qui a seul le privilège de diffamer qui il lui plaît. Que l’ordre de la justice soit violé pour un grand, c’est sans doute un horrible mal ; mais qu’il soit violé pour un homme tel que Marin, c’est, selon moi, le comble de l’avilissement et du scandale.

Savez-vous que les professeurs d’Auxerre ont été condamnés aux galères [2] par le bailliage ? L’évêque est impliqué dans cette abomination. Leur crime est d’avoir mal parlé de personnes très-respectables.

Nous avons enfin des nouvelles du comte de Grillon. Il est à Berlin : il a vu Frédéric, il l’admire. Diderot baise à Saint-Pétersbourg les mains de l’impératrice.

Grâces au ciel, ces mains ne sont pas criminelles !
  1. « Mme Goëzman (dans son second récolement) prétend qu’elle ne savait ce qu’elle disait, et n’avait pas sa tête à elle, étant dans un temps critique. — Critique à part, madame, lui dis-je, en baissant les yeux pour elle, etc. . . . . »
    (Beaumarchais, suppl. au Mém. à consulter.)
  2. Voyez plus loin deux lettres de janvier 1774, n° 41 et 42.