Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
233
ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


pas non plus d’un sot qui craint de s’élever contre les tyrans, de peur de faire un jugement téméraire.

A propos de jugement téméraire, on ne juge donc point l’affaire de Beaumarchais [1] ? Messieurs craignent apparemment de juger témérairement.

Voltaire s’est mieux tiré que je l’aurais espéré, de la proposition de travailler à l’éloge du maréchal de Richelieu, dans la Galerie des Hommes illustres.

Adieu, Monsieur ; recevez les assurances de mon amitié. Est-il vrai qu’on ait découvert un complot pour assassiner le comte du Muy ? Ce sont les nouvelles de Marin qui parlent de ce fait.



44. A TURGOT.


Ce dimanche, 16 janvier 1774.


On a joué hier Sophonisbe [2], qui n’a pas été trop bien reçue. L’auteur y a laissé des familiarités qui ont fait rire, et des longueurs qui ont impatienté le parterre. Le commencement du cinquième acte a été sifflé, jusqu’au moment où Lekain dit à Scipion, en lui montrant Sophonisbe expirante : Sur ces bras tout sanglants viens essayer tes chaînes. Ce vers a été dit avec tant de force et de vérité, que le parterre a

  1. Le jugement, rendu un mois après, le 26 février 1774, condamne les quatre mémoires publiés par Beaumarchais à être lacérés et brûlés de la main du bourreau ; ce qui fut exécuté le 5 mars suivant.
  2. De Voltaire, qui la donna comme celle de Mairet, réparée à neuf par M. Lantin. La première représentation (à Paris) eut lieu le 15 janvier 1774.