Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/439

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
237
ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


avait persécutée, précisément comme le parlement avait vexé le grand conseil.

Il fait un temps effroyable qu’on dit être excellent pour les biens de la terre, c’est-à-dire ici pour le blé et surtout pour l’avoine et le foin, dont nous consommons beaucoup.

Adieu, Monsieur ; écrivez-moi quelques nouvelles quand il y en aura, et surtout donnez-moi des vôtres.



47. A CONDORCET.


Paris, le 26 avril 1774.


Je suis tout honteux. Monsieur, que vous m’ayez prévenu. Mais chaque jour je suis de plus en plus gagné par le temps. Je ne sais comment vous faites pour faire tant de choses, et être encore autant à vos amis et à la société. Je souhaite que votre santé n’en souffre pas, et vous exhorte à profiter de votre séjour à la campagne pour ménager surtout vos yeux.

Vous avez vu le cheval Pégase [1] : n’en êtes-vous pas enchanté ? Pour moi, j’ai vu enfin cet opéra de Gluck [2]. Il y a des morceaux qui m’ont fait le plus grand plaisir : tels sont le chœur de l’arrivée d’Iphigénie, les adieux d’Achille et d’Iphigénie, des deux parts ; les morceaux que chante Clylemnestre à la fin du troisième acte, et le quatuor de la fin. Ces morceaux m’ont paru de la plus grande beauté. Il y en a d’autres qui m’ont fait plaisir ; mais je n’y ai pas

  1. Dialogue de Pégase et du vieillard, par Voltaire.
  2. Iphigénie en Aulide, jouée pour la première fois le 19 avril 1774. Ce fut le début de Gluck à l’opéra de Paris.