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ENTRE TURGOT ET CONDORCET.


de laisser ces assemblées du clergé, qui ne sont faites que pour imposer les décimes, s’ériger en tribunaux et en conciles. Je crois que les protestants du Hainaut ont beaucoup gagné à perdre M. de Muy [1]. L’archevêque de Cambrai a un zèle qui n’est pas absolument selon la science, et, sans M. de Taboureau, on en aurait arrêté dès cet été.

J’espère avoir le plaisir de vous voir à Fontainebleau vers le 8 ; il faut que je parle à M. de Malesherbes de mes tracasseries académiques.


60. A TURGOT.


Fin de janvier 1776.


Vous ne revenez point à Paris, et, malgré l’intérêt personnel, je trouve que c’est un parti bien sage. Mais comme je m’étais chargé auprès de vous d’une grande affaire, il faut que je vous en écrive.

M. de Saint-Lambert, qui a pour vous une vraie passion, trouve que, dans ce moment où la voix du public, qui n’est pas la voix publique, est contre vous, où vos édits vont exciter cent clabauderies, il serait fort agréable aux gens de lettres de vous donner une marque de leur vénération, en vous nommant à la place de M. le duc de Saint-Aignan [2] ; que c’est peut-être la seule occasion que l’Académie puisse avoir d’élire un ministre en place, sans faire une espèce de platitude ; il m’a chargé de vous en parler. Voici maintenant l’état des choses. M. de Malesherbes doit, après avoir vu M. de Maurepas, par-

  1. Ministre de la guerre, mort le 10 octobre 1775. Il fut remplacé par M. de Saint-Germain.
  2. Mort le 12 janvier 1776.