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XXXIV
BIOGRAPHIE


autre ? Pensez-vous qu’en pareille compagnie on ne se serait pas entendu parfaitement en géométrie, en physique, et que personne s’y fût amusé à parler d’autre chose ? »

Condorcet ne songeait pas à Madrid seulement en demandant, pour le directeur de l’Académie, une grande autorité et de larges prérogatives. Il voulait, ce sont ses propres expressions, « délivrer les savants de l’affront le plus propre à les dégoûter : celui d’être protégés par des subalternes. » C’est là, en effet, une plaie de tous les temps et de tous les pays.

Si le mémoire de Condorcet voit jamais le jour, peut-être trouvera-t-on qu’il s’est prononcé d’une manière trop absolue contre l’admission des étrangers parmi les membres résidents des académies. En pareil cas, l’histoire dira, à la décharge de notre confrère, qu’au moment où il écrivait, le gouvernement français prodiguait ses faveurs à des étrangers médiocres, et négligeait des hommes supérieurs nés dans le pays. Elle montrera, par exemple, un Italien, Boscowich, pourvu d’une immense pension par les mêmes ministres qui refusaient