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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/491

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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.

choses flatteuses que votre amitié pour moi vous a inspirées sur l’éloge de M. de la Condamine. Si cet ouvrage a quelque mérite, c’est d’être écrit simplement, et il est fâcheux d’être obligé de regarder cela comme un mérite. J’ai saisi avec plaisir l’occasion de rendre justice à un vieillard illustre sur lequel tous les insectes de notre littérature s’acharnent avec tant de bassesse et d’indécence. Je n’ai pu dire qu’un mot de ses Éléments de la philosophie newtonienne ; sans cela j’aurais fait observer que cet ouvrage est encore le seul où les hommes qui n’ont point cultivé les sciences, puissent acquérir des notions simples et exactes sur le système du monde et sur la théorie de la lumière ; que ces éléments, bien loin de renfermer des fautes grossières, comme l’ont imprimé des gens qui n’étaient pas en état de les entendre, ne renferment même aucune erreur qu’on puisse imputer à M. de Voltaire. Car, s’il y en a quelques-unes, ce sont des opinions qu’il a adoptées d’après le témoignage des auteurs les plus accrédités. J’aurais pu faire observer encore que, lorsque M. de Voltaire donna cet ouvrage, le premier des géomètres de l’Europe, Jean Bernoulli, combattait encore le newtonianisme ; que plus de la moitié de l’Académie des sciences était cartésienne ; que Fontenelle enfin, si supérieur à tous les préjugés de secte ou de nation, Fontenelle, qui n’avait pas trente ans lorsque le système de Newton parut, et qui était du petit nombre de gens qui pouvaient l’entendre, que

    La Harpe. Voyez ci-dessus la lettre de Voltaire, du 18 juillet 1774, p. 34, où il remercie Condorcet de sa complaisance.