assesseur un gradué des derniers du siège, à qui
même on contestait cette qualité, sans que les officiers
en titre et les plus anciens gradués se fussent
déportés ? Combien ne serait-il pas dangereux que le
lieutenant criminel d’un bailliage choisît à son gré
ses assesseurs ?
On vous parlera de lettres d’abolition. Je sais qu’à la place de M. d’Etalonde, je les refuserais avec horreur : M. d’Etalonde serait sauvé, et l’honneur du parlement de Paris avec lui. Voilà ce qu’on veut. On craint qu’une plume éloquente, en défendant lamé moire de La Barre, ne couvre les assassins d’un opprobre éternel ; on craint qu’un arrêt solennel comme celui de Calas, ne révèle la turpitude de notre jurisprudence. Mais je suis sûr. Monsieur, que ces craintes ne vous arrêteront pas, que tous les petits intérêts de corps disparaîtront à vos yeux devant ceux de la raison et de l’humanité ; que vous aurez, s’il est nécessaire, le courage de déplaire aux protecteurs du fanatisme et de l’hypocrisie. Au reste, je ne sais ce qui peut arrêter même les amis des juges de La Barre ; n’ont-ils pas été cent fois dénoncés à l’Europe entière comme des assassins également féroces et absurdes ? Ne les a-t-on pas nommés en toutes lettres ? Ne s’est-on pas élevé contre la faiblesse de leurs confrères qui souffrent que ces assassins siègent avec eux ? Il s’agit de venger l’humanité et l’honneur du nom français ; quant à celui des juges, ils n’ont rien à perdre : eux, leurs complices, leurs fauteurs, sont dévoués dès longtemps à l’opprobre et à l’exécration publique. Je vous demande en grâce, Monsieur, de