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CORRESPONDANCE GÉNÉRALE.


18. AU ROI DE PRUSSE.


Paris, 19 septembre 1785.
Sire,

Je n’ai reçu la lettre dont Votre Majesté m’a honoré que depuis peu de jours, au retour d’un voyage que j’ai fait en Bretagne et en Berry pour y examiner des projets de navigation.

J’espère que M. Dupuis obtiendra de notre gouvernement la grâce pour laquelle Votre Majesté a daigné témoigner quelque intérêt [1]. Le corps de l’Université, loin de s’y opposer, a paru flatté de l’honneur que reçoit M. Dupuis, et qui rejaillit sur le corps même. L’intrigue de quelques hommes médiocres, jaloux de M. Dupuis, qui sont d’ailleurs bien surs de n’être jamais appelés hors de leur collège, a fait naître quelques légers obstacles ; mais M. le comte de Vergennes pourra aisément les lever.

J’ai en vue un homme de mérite [2] pour la place de professeur de belles-lettres et de philosophie ; mais avant d’avoir l’honneur de le proposer à Votre Majesté, je dois prendre encore quelques informations.

Nous sommes malheureusement encore bien éloignés, en France, de ne punir de mort que pour des crimes atroces. Nos lois assujettissent à cette peine pour plusieurs espèces de vols, et ces vols ont été

  1. De pouvoir quitter la France immédiatement, sans perdre ses droits à la retraite, acquis par dix-huit années de service dans l’Université.
  2. Lévesque (Pierre-Charles). Voyez p. 318 et 322.