de bien dans les arts d’imagination et de
goût, sans le secours d’un ami éclairé. »
Je sens que j’insiste peut-être trop sur un point de la vie de Condorcet qui déjà doit vous paraître suffisamment éclairci. Cependant, j’éprouve l’invincible besoin de faire une troisième et dernière citation : c’est que, dans ce nouveau cas, la franchise de Condorcet s’éleva à la hauteur d’une belle et noble action.
Voltaire et Montesquieu ne s’étaient point aimés. Montesquieu l’avait même trop laissé paraître. Voltaire s’irrite de quelques brochures qu’on publie à ce sujet et rédige à Ferney, contre l’Esprit des Lois, des articles qu’il adresse à ses amis de Paris, en leur demandant de les publier. Condorcet ne cède point aux instances, quelque impérieuses qu’elles soient, de l’illustre vieillard. « Ne voyez-vous pas, lui mande-t-il, qu’on rapprocherait ce que vous dites aujourd’hui de Montesquieu, des éloges que vous lui avez donnés autrefois ? Ses admirateurs, blessés de la manière dont vous relevez quelques citations erronées, iraient chercher dans vos ouvrages des inadvertan-