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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/551

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AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PARIS.


troisième lettre. Je conviens avec lui que les arts pouvaient en Grèce être très-utiles ; leurs productions y avaient toutes le caractère de la grandeur, parce qu’elles étaient payées par le public. Chez nous elles ont trop souvent un caractère mesquin, parce qu’elles sont payées par les gens riches. Si je crains qu’on ne s’occupe trop des arts, si je crains que ce goût ne serve qu’à augmenter notre frivolité, ce n’est pas la faute des arts. Quant à la musique, je l’entends quelquefois avec plaisir ; mais je suis indigne d’en parler. Je me souviens d’avoir fait autrefois une petite lettre pour prouver que Destouches avait donné, dans Callirhoé, le modèle de la meilleure des musiques possibles. Je lus cette lettre à un de mes amis, grand musicien et grand philosophe ; il l'écouta avec beaucoup de sang-froid :« Est-ce que vous auriez l’oreille fausse ? » me dit-il après l’avoir entendue. J’en convins avec un peu de honte. « Eh bien, ajouta-t-il, n’écrivez jamais sur l’opéra. Un aveugle peut donner des leçons d’optique ; mais il n’apprendra jamais aux gens qui voient clair à juger un tableau. »

UN ERMITE DE LA FORÊT DE SÉNART.
Dimanche, 22 juin 1777[1].
  1. Journal de Paris, n° 173.
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