Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/552

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AVERTISSEMENT.


L’entrevue de Condorcet avec Svédenborg n’a rien de réel : c’est une fiction littéraire que l’auteur a choisie pour offrir sous cette forme, plus vive et plus commode, un précis de la doctrine de Svédenborg. On ne lui prête rien qui ne soit tiré de ses ouvrages ; par exemple, l’anecdote du dîner à Londres et de l’apparition céleste qui l’interrompit, est racontée par Svédenborg lui-même dans la préface du traité de cœlo et inferno, et il met à cette aventure, qui décida sa vocation et son rôle mystique, la date de 1743 : c’est justement l’année de la naissance de Condorcet.

Pour lever tous les doutes au sujet de cette prétendue conversation, il suffira d’observer que le dernier voyage de Svédenborg en France est de 1736, et que Condorcet n’alla jamais en Angleterre, où le célèbre Suédois mourut en 1772 [1].

Ce morceau n’a d’épistolaire aussi que la forme. Il eût été déplacé dans la Correspondance, autant que le seraient dans celle de Voltaire les lettres sur les Anglais, la lettre de M. de la Visclède, la lettre sur la Nouvelle Héloïse, à l’Académie française, à la noblesse de Gévaudan, etc., etc., et tant d’autres lettres qui, adressées à des correspondants imaginaires, sont arrivées à leur adresse sans avoir jamais été mises à la poste.

Je n’ai pu découvrir la date précise de cet écrit ; cela d’ailleurs n’importe guère. J’ai adopté comme vraisemblable celle de 1782, parce que, en 1782, parut la traduction de dom Pernety du livre de cœlo et inferno, où Condorcet paraît avoir puisé principalement.

F. G.
  1. Voyez l’éloge de Svédenborg, par M. de Saudel, lu à l’Académie de Stockholm, en 1772.
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