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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 1.djvu/553

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LETTRE

SUR SVÉDENBORG A M***.


(1782).

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Je vous ai promis, Monsieur, un précis de ma conversation avec Svédenborg ; mais je crains que vous n’ayez oublié cette promesse. Une maladie assez longue, pendant laquelle je n’ai pu que faire sur moi-même quelques observations métaphysiques, a interrompu notre correspondance.

Supposez-moi maintenant assis à côté de Svédenborg et le suppliant de m’instruire de sa doctrine et de la manière dont elle lui a été révélée.

« J’étais à Londres, me répondit-il, et je dînais seul pour être moins interrompu dans mes médications sur les choses spirituelles. Tout à coup ma vue se trouble, la chambre s’obscurcit, et le plancher se couvre à mes yeux de reptiles venimeux ; ils disparaissent peu à peu, une douce lumière succède à l’obscurité ; j’aperçois, au coin de la chambre, un jeune homme vêtu de rouge et d’une figure céleste, et j’entends distinctement ces mots : « Abstiens-toi. » Je reçus avec docilité cette leçon de tempérance ; j’en fus récompensé la nuit suivante. Le même homme m’apparut, et daigna m’apprendre qu’il était le Sauveur du monde. Depuis ce temps, j’ai eu constamment le bonheur de converser avec lui et avec les anges, et j’ai fini par être admis dans le ciel, dans la demeure éternelle des esprits.